mercredi 29 avril 2009

Avant-premières : mai au Dilettante

Quelques éditeurs, de plus en plus, font l'effort de proposer des extraits de leurs livres à paraître. Une manière de se faire une idée des ouvrages à venir, comme si on pouvait les feuilleter en librairie avant même qu'ils soient disponibles. On sait à quoi s'en tenir, au moins pour le ton.
Le ton, parlons-en, est souvent assez singulier au Dilettante, une maison qui s'est longtemps limitée à de petits tirages avant de découvrir et de faire lire Anna Gavalda. Ce qui ne l'empêche pas de continuer à piocher dans les textes improbables, d'ouvrir les horizons littéraires et de remettre en valeur des écrivains injustement oubliés.

Côté inédit, voici un étonnant Tous à l'ouest! de Sydney Joseph Perelman, un roman vagabond et hilarant si l'on en juge par les dix pages offertes à la lecture. Les voyageurs sont en route pour Ceylan et n'y arrivent pas avant quatre jours de navigation pendant lesquels Mme Fusher attire tous les regards. Elle est "non seulement la personnalité la plus intéressante à bord du navire mais aussi une bombe qui faillit exploser à la figure de certains passagers de sexe mâle." Je passe sur les détails pourtant croustillants ainsi que sur la colère du mari, pour débarquer tout de suite dans un pays dont on pense qu'il produit surtout du thé. "Rien de plus faux. La principale industrie de l’île est la manufacture d’éléphants en ivoire pour les touristes, conçus de telle sorte que les oreilles et les défenses se brisent au moment précis où le rivage de l’île s’estompe à l’horizon."
On voit le genre. Du genre que j'apprécie.

J'apprécie aussi, pour d'autres qualités, Henri Calet, formidable écrivain dont tous les livres sont un régal. Je ne connaissais pas l'existence de L'Italie à la paresseuse, une manière de voir et de voyager qui convient à Calet comme elle me convient.
Il manque les "incontournables", comme on dit. Mais pas les tripes du samedi au Chien mort, un nom de restaurant qui lui va bien par son côté dérisoire. Une forme d'humour qui fait du laisser-aller un arbitre de l'élégance...
Stendhal est passé par là. N'a-t-il pas déjà tout dit? Et pourquoi donc Calet se contenterait-il des traces de son glorieux prédécesseur? Comme souvent, il se demande pourquoi on le considère comme journaliste, un titre qu'il a l'impression d'usurper. Et pour cause: il est beaucoup mieux qu'un journaliste - un écrivain, comme le prouvent les treize pages offertes à votre curiosité...

1 commentaire:

  1. Perelman est effectivement un auteur hilarant ! Un très bon moment de lecture, qui fait disparaître la petite grisaille du quotidien !

    RépondreSupprimer