mercredi 20 mai 2009

Calixthe et Michel sont dans un bateau. Qui tombe à l'eau?

Dans les marges de la vie littéraire se trament parfois de bien étranges histoires. Tiens, celle-ci, par exemple.
La liaison entre Calixthe Beyala et Michel Drucker, de 2004 à 2006, était un secret de polichinelle. Même moi, à Madagascar, j'en avais été informé!

J'avais donc eu un petit sourire quand, en 2005, ouvrant La plantation, j'avais constaté qu'il était dédié "à Michel". Pas besoin d'en dire plus, nous étions nombreux à savoir de quel Michel il s'agissait.
Lequel Michel, emporté je suppose par un élan amoureux incontrôlable, prenait sa plus belle plume pour écrire dans Le Nouvel Observateur un éloge du livre.
(Qui lui était dédié, je vous le rappelle. Et Michel Drucker signant dans Le Nouvel Observateur, cela vous semble normal? Et Le Nouvel Observateur publiant un article positif sur Calixthe Beyala, voilà qui n'est pas moins étrange - j'y reviens.)
Et Michel, donc, d'affirmer: "Je garderai longtemps l’empreinte de «la Plantation»", un "roman dense, palpitant et émouvant""tous les ingrédients d’une saga télévisée populaire de prestige sont réunis. On imagine déjà l’adaptation à l’écran de ce roman flamboyant où tous les caractères sont traités, cynisme, ressentiment, jalousie, hypocrisie, cruauté et racisme, bien sûr."
Voilà une admiration franche et massive, ou je ne m'y connais pas.
Ceci dit, j'aimais aussi beaucoup ce roman.

Et puis, patatra! un peu plus tard, les amants rompent. Ce sont des choses qui arrivent. Et qui, généralement, ne font de vagues que dans la sphère privée, sauf quand les protagonistes appartiennent à la sphère people. Je ne sais pas ce que la presse spécialisée avait écrit sur l'affaire à l'époque, je ne la lis pas. Mais je me souviens de Calixthe, au téléphone, me disant: "Il y a un homme qui m'a fait du mal..."
On aurait pu en rester là.
Mais non. Il a fallu que Calixthe Beyala en fasse un roman, L'homme qui m'offrait le ciel - le plus mauvais de tous ceux que j'ai lus d'elle (à peu près tous).
Dans ces cas-là, je le précise au cas où un(e) ami(e) écrivain(e) lirait ceci, j'oublie tout de l'amitié. Seul compte le livre, et le livre raté pour le cas qui nous occupe. J'avais donc écrit un bref article:
Sur la jaquette, Calixthe Beyala a les yeux revolver. [Il s'agissait de la couverture originale, pas celle-ci, choisie pour la réédition en poche.] Dans le livre, à peine un roman, elle tire à balles réelles sur son amant envolé. Autant dire sur une ambulance. La colère, mauvaise conseillère, relève tous les défauts de «François», même au plus intense de l’histoire d’amour. Le point de vue n’est pas décalé pour un effet littéraire recherché mais par maladresse dans la construction. Douloureuse, probablement. Mais avait-on envie de partager cette douleur?
François, vous l'aurez compris, c'était Michel...

Le temps passe, la douleur s'efface, les choses se tassent - croit-on. Au début de cette année, Calixthe Beyala sort un nouveau livre, Le roman de Pauline, que j'aime bien - même s'il ne s'agit pas de son meilleur. Une jeune fille de banlieue y trouve une sorte de rédemption grâce à la main tendue d'une prof qui l'aide à prendre conscience de ses possibilités.
Au Nouvel Observateur (j'avais promis d'y revenir), Baptiste Touverey ne pense pas comme moi - ce qui est bien son droit. "Bienvenue dans la banlieue vue par Calixthe Beyala, un monde où tout sonne faux", écrit-il. Concluant: "Mais comment être touché par une telle surenchère de clichés? Rien n'échappe à l'artificialité, ni les personnages caricaturaux ni l'intrigue, à la fois invraisemblable et cousue de fil blanc (un tour de force!). Reconnue coupable de plagiat en 1996 pour son "Petit Prince de Belleville", Calixthe Beyala ne devrait pas être inquiétée cette fois-ci."
(C'est beau, une brillante descente en flammes, non?)
Je note au passage, et vous l'aurez noté avec moi, le rappel du plagiat pour lequel l'écrivaine avait été condamnée. Faut-il le préciser? Il n'en était pas question dans les quelques lignes accompagnant l'article de Michel Drucker dont je parlais plus haut. Là, tout était élogieux:
Calixthe Beyala a écrit de nombreux romans à succès chez Albin Michel, et notamment «les Honneurs perdus», qui a reçu le grand prix du roman de l’Académie française. Elle est traduite à l’étranger et étudiée dans les universités américaines.

Le rappel du plagiat ou celui du Grand prix du roman de l'Académie française? C'est donc selon les cas... On ne s'étonne donc pas trop de ce que, dans la foulée, le premier soit préféré au second dans un billet publié hier sur le site Bibliobs et qui éloigne encore un peu plus l'affaire Beyala-Drucker d'une love affair. C'est au tribunal qu'ils s'expliqueront, cette fois à la demande de Calixthe Beyala qui assigne Michel Drucker en justice. Le second aurait promis à la première de lui payer 200.000 euros l'écriture d'un livre qu'il ne se sentait peut-être pas capable d'écrire lui-même. C'est à l'occasion de cette plainte que Calixthe Beyala a dévoilé, à l'intention de ceux qui l'ignoraient encore, leur liaison passée.
Et c'est pourquoi j'en parle. D'une part donc parce qu'elle est devenue publique. (Enfin, Michel Drucker pourrait encore nier.) D'autre part parce qu'on voit clairement à présent le rôle qu'a joué cette liaison dans le miraculeux article de Michel Drucker sur La plantation.
L'image lisse de l'animateur télé en sera-t-elle froissée?
Bah! Il s'est lui-même si souvent présenté en vilain petit canard de la famille qui faisait le désespoir de sa maman (consolée, heureusement, par les succès de ses frères), qu'après tout...

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