lundi 15 juin 2009

Avec vue sur la rentrée littéraire (24) - Buchet-Chastel

L'éditeur qui fut celui de très grands écrivains a retrouvé, depuis quelques années, le chemin de la littérature. Buchet-Chastel affirme donc, très logiquement, sa présence dans la rentrée, avec six titres en août et septembre.

Henri Husetowski, L'été chagrin (20 août)

C’est pas la première fois que je vois ma mère pleurer, elle pleure quand elle veut, elle a des facilités. J’ai pas envie d’aller vers elle, un truc bizarre vient de se produire, elle est devenue comme moi, un enfant, elle n’est pas comme je croyais jusqu’à maintenant, elle n’est pas une grande personne. Le monde entier n’est plus pareil, tout vient de s’écrouler. Je me dis que j’ai que dix ans, que dix ans!

Durant l’occupation allemande, les 16 et 17 juillet 1942 a lieu la rafle du Vél d’Hiv à Paris. D’autres rafles ont lieu simultanément en France.
L’histoire de David se déroule avant, pendant et après ces dates fatidiques, en trois semaines, quelque part en France, dans une ville où les Juifs sont raflés en une nuit.
«Ancien Juif», David vit avec sa mère, madame veuve Duval. Son meilleur ami s’appelle Yacov, c’est un garçon gros et sale, qui lui fait parfois un peu honte.
Madame Souslovska, avec ses pantoufles vertes, Fêtnat, Sénégalais et musulman, Chopinette la clocharde du quartier qui picole, Régala l’épicier qui, paraît-il, n’aime pas les Juifs, madame Lafayette qui se balade à poil, l’abbé Noisiel qui l’a baptisé, ainsi que d’autres personnages font partie de son monde que les événements vont anéantir. Soudain il faut tout quitter et partir loin.
L’Eté chagrin est un premier roman qui a la facture d’un classique. L’auteur dose habilement monde de l’enfance et chaos de l’Histoire. Comme tous ceux qui l’ont croisé, le lecteur sera touché par la personnalité du jeune David et par son destin.

Henri Husetowski est né à Bordeaux de parents émigrés de Pologne. Éducateur, il est aujourd’hui à la retraite et vit à Paris. L’Eté chagrin, son premier roman, est inspiré de faits réels. A suivre: Le Printemps des pères.

Daniel de Roulet, Le silence des abeilles (20 août)

Pourquoi les abeilles dépérissent-elles? Parce qu’on les empoisonne? Parce qu’on les prend pour des vaches à miel ou à venin? Les scientifiques cherchent des réponses. Fasciné par les abeilles, apiculteur, Sid essaie de comprendre cette évolution inquiétante.
Né au début des années 1980, il est le fils unique et abandonné d’ex-soixante-huitards – engeance qu’il abhorre. Il déteste aussi son prénom, Siddhârta, qui lui a valu de se faire appeler Sida à l’école. Livré à lui-même depuis sa naissance, il ne sait pas trop à quel monde il appartient. C’est pourquoi il les essaie tous: celui que propose le Forum de Davos, celui des sages apiculteurs, celui des nostalgiques néo-nazis, jusqu’à celui de la nouvelle mondialité nomade que lui propose une étrange téléphoniste japonaise.
Dans un pays où coulent le miel et le chocolat au lait, sur une planète où les humains ne pourront survivre sans les abeilles, Le Silence des abeilles est le roman d’apprentissage d’une certaine jeunesse.
Comme le précédent roman de Daniel de Roulet, (Kamikaze Mozart, publié chez Buchet/Chastel), Le Silence des abeilles fait partie de cette «comédie humaine» que l’auteur compose depuis des années. Les personnages, les destins et les thèmes se croisent pour raconter l’histoire mouvementée des hommes de ce siècle.

Daniel de Roulet est né en Suisse. Nationalité frontalière. Formation architecte. Profession informaticien. Amateur de marathons.

Pascal Janovjak, L'invisible (27 août)

Le narrateur de ce conte contemporain est un avocat de 35 ans. Il travaille au Luxembourg pour un gros cabinet. Salaire mirobolant. Pas d'amours. Pas d'amis. Une femme de ménage... qu'il ne voit jamais.
Il est mal dans sa peau et se trouve insignifiant au point de se sentir transparent.
C'est ce malaise que Pascal Janovjak prend au pied de la lettre. Au cours d'un passage à Paris, l'avocat ressent une douleur inexplicable au cou, puis au bras. Dans sa chambre d'hôtel, il constate qu'il est devenu tout à fait  invisible. Comme le héros détraqué de H.G.Wells! Des traces humides sur la moquette, un creux sur un matelas, voilà ce qu'il reste de lui.
A partir de ce moment, il voyage, cherchant des aventures sexuelles faciles. Il erre, toujours invisible, de la Sardaigne à une région inconnue. Impuni, il se permet tout et, délivré de ses angoisses, s'intéresse à une humanité qu'il croyait dominer de très haut...

Pascal Janovjak est né en 1975 à Bâle, de mère française et de père slovaque. Il étudie les lettres et l'histoire de l'art à Strasbourg, avant d'effectuer son service national en Jordanie. Enseignant au Liban, puis responsable de centre culturel au Bangladesh, il réside depuis lors au Proche-Orient. Il a publié en 2007 un recueil de proses, Coléoptères, chez Samizdat à Genève.

Marie-Hélène Lafon, L'annonce (3 septembre)

Paul a quarante-six ans. Paysan, à Fridières, Cantal. Cinquante-trois hectares, en pays perdu, au bout de rien. Il n’a pas tout à fait choisi d’être là, mais sa vie s’est faite comme ça. Paul n’a qu’une rage: il ne veut pas finir seul, sans femme.
Annette a trente-sept ans. Elle est la mère d’Eric, bientôt onze ans. Elle n’a jamais eu de vrai métier. Elle vient du Nord, de Bailleul. Annette a aimé le père d’Eric, mais ça n’a servi à rien, ni à le sauver du vertige de l’alcool, ni à faire la vie meilleure. Alors elle décide d’échapper, de recommencer ailleurs, loin.
D’où l’annonce. Paul l’a passée. Annette y a répondu.
Sauf qu’il y a les autres. Le fils silencieux, et la mère d’Annette. Et les autres de Paul, ceux qui vivent avec lui à Fridières. Les oncles, propriétaires des terres. Et la sœur, Nicole, dix-huit mois de moins que Paul, qui n’a pas de mari pas d’enfant.
L’Annonce, nouveau roman de Marie-Hélène Lafon, raconte cette histoire d’amour.

Marie-Hélène Lafon vit à Paris. Elle est publiée, depuis ses débuts en écriture, chez Buchet/Chastel. Son précédent roman, Les Derniers Indiens, a été fortement remarqué par la presse et les libraires et paraît simultanément à L’Annonce, chez Folio.

Tarun J. Tejpal, Histoire de mes assassins (3 septembre)
Traduit de l'anglais (Inde) par Annick Le Goyat

Delhi, de nos jours. Le narrateur, un journaliste très renommé, apprend par un flash d'information qu'il vient d'échapper de justesse à une tentative d'assassinat.
S’agit-il d’un complot fomenté contre lui suite à ses révélations de corruption au sein du gouvernement indien ?
C’est au tribunal, escorté par une escouade de policiers et une équipe de juristes, que cet homme, qui ne connaissait rien de ses assassins, va peu à peu découvrir leur vrai visage…
Tout oppose les existences de ces criminels venus des entrailles de l'Inde rurale prêts à frapper pour quelques roupies, à celle du journaliste qu'ils doivent éliminer.
Des avenues de Delhi aux petites bourgades du nord du pays, on découvre les trajectoires violentes de Chaku (le tueur au couteau), Kabir (l’héritier musulman de la Partition sanglante de 1947), Kaliya et Chini qui vivent et volent dans la gare depuis l’enfance, sans compter Hathoda Tyagi (connu pour réduire la cervelle de ses victimes à coup de marteau).
Ces cinq assassins, nés dans la cruauté et l’environnement innommables des masses indiennes, marqués par leur origine, ont tous en commun d’avoir perdu trop tôt l’âge d’or de leur innocence.
En redonnant une dignité et une identité à ces cinq anonymes perdus dans l’immensité de la population indienne, Tarun J. Tejpal les érige en martyrs devenus les symboles des grandes failles de l’Inde moderne. Il dénonce ainsi le système des castes, les conflits religieux persistants, la corruption et la misère…

Tarun J. Tejpal, écrivain indien, héroïque pourfendeur de la corruption, est présenté dans son pays comme une révélation littéraire. Il est le fondateur du magazine d’investigation engagé Tehelka (Faire sensation) et a été distingué par Business Week comme l’un des cinquante leaders du changement en Asie. Avant de fonder Tehelka, Tejpal a été journaliste, notamment à India Today, Indian Express et Outlook. Loin de Chandigarh, son premier roman paru en 2005 chez Buchet/Chastel, a été unanimement salué par la presse française.

Nancy Horan, Loving Frank (10 septembre)
Traduit de l’américain par Virginie Buhl

En 1903 à Chicago, l’homme d’affaires Edwin Cheney et son épouse Mamah Borthwick Cheney passent commande de leur nouvelle maison à l’enfant terrible et déjà célèbre de l’architecture américaine, Frank Lloyd Wright.
Six années plus tard, la bonne société de Chicago et la presse américaine sont secouées par le plus grand scandale de ce début de siècle: Mamah, tombée entre temps passionnément amoureuse de Frank, quitte Edwin et leurs deux enfants pour suivre l’architecte renommé en Europe. Lui-même abandonne sa femme Catherine et six enfants pour vivre cette passion.
Berlin, Florence puis Paris pendant la grande crue de 1910, voient passer enlacés autour de leur liberté amoureuse hantée pourtant par la culpabilité, ces amants exceptionnels qui défraient la chronique de l’Amérique dévote et pudibonde du vingtième siècle naissant…
Mais les tabloïds américains les plus prolixes et les plus sensationnalistes n’auraient jamais pu imaginer comment l’histoire de ce couple sulfureux allait exploser en 1914 après  leur retour aux Etats-Unis. La violence du dénouement laissera pétrifiés, au-delà des familles déchirées Cheney et Wright,  le monde des architectes, des féministes et des moralistes de bon ton…
Captivante fiction historique documentée par l’autobiographie de Frank Lloyd Wright, par les lettres de Mamah Borthwick et par les très nombreux articles dans la presse de l’époque, Loving Frank mêle tout à la fois intrigue amoureuse, émancipation féminine et une plongée dans l’univers d’un des plus grands maîtres de l’architecture moderne…

Nancy Horan est écrivain et journaliste. Loving Frank est son premier roman. Elle vit en famille sur l’île de Puget, dans l’état de Washington. Son site www.lovingfrank.com gagne à être consulté.

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