lundi 22 février 2010

Zapculture : la polémique souffle sur BHL et Moix

Un lecteur fidèle qui nous veut du bien (à vous comme à moi) m'a donné des pistes pour intégrer directement le son de Zapcultures au blog. Je n'ai malheureusement pas eu le temps de m'y mettre et, cette semaine, il faudra encore télécharger. Le lien est dans le casque...

Après l'indicatif (0'00"-0'25"), on entre d'emblée dans des sujets très chauds, du genre qu'on aime dans les émissions de Ruquier dont la polémique est un des fonds de commerce. Bernard-Henri Lévy était monté au front, ce qui, reconnaissons-le, demandait un certain courage après les attaques dont avait fait l'objet un de ses derniers livres, De la guerre en philosophie. L'autre, Pièces d'identité, plus épais, et qui rassemble des articles parus depuis quelques années, n'a pas fait l'objet des mêmes assauts.
Je résume l'affaire à grands traits. Dans De la guerre en philosophie, BHL en appelle à un philosophe nommé Botul à propos d'Emmanuel Kant. Sinon que le livre de Botul auquel il fait allusion, La vie sexuelle d'Emmanuel Kant, est tout sauf un ouvrage sérieux. Son véritable auteur, Frédéric Pagès, se demande même, avec quelques autres commentateurs, si BHL l'a lu. S'il l'avait fait, il aurait dû comprendre que l'argument Botul n'était pas très pertinent.
Dans un premier temps, et notamment quand il était invité chez Ruquier, BHL a voulu se montrer beau joueur. C'est la pose qu'il adopte, en tout cas, dans le premier extrait sonore (0'25"-1'43"). Genre: je me suis fait avoir, je dis "chapeau, l'artiste!".
Dans un deuxième temps, le sens de l'humour de BHL n'étant pas à toute épreuve - ceux qui le connaissent bien prétendent qu'il est même très limité -, les réserves de sympathie à l'égard de Botul, de Pagès et de tous ceux qui ont relevé sa bourde se sont épuisées.
Reçu jeudi dernier au micro de Nicolas Demorand (France Inter), le philosophe surpris les doigts dans le pot de confiture hausse le ton. Cela ne me fait plus rire, dit-il. Et il le prouve (1'43"-2'46"). Parfois, d'ailleurs, à la limite de la mauvaise foi, notamment quand il attaque (hors extrait) Pierre Assouline qui aurait, affirme-t-il, parlé sur son blog des deux livres en n'ayant lu qu'un entretien paru dans la presse. Alors que Pierre Assouline, dans un premier temps, ne parlait que de l'entretien...

On n'en a pas fini avec les éclats. Yann Moix se pose en défenseur de Roman Polanski dans Je hais la meute. Il en a bien le droit. Quelques extraits du livre ont été publiés sur le site de la revue La règle du jeu - comme par hasard, il s'agit de la revue dirigée par Bernard-Henri Lévy. Des textes d'une rare violence, où la Suisse est une cible sur laquelle Moix s'acharne sans faiblir. Mais en développant, selon ses contradicteurs, des arguments assez fragiles. Chez Ruquier encore, Yann Moix se défend comme il le peut contre la colère d'Eric Naulleau. Celui-ci lui avait dit, pourtant: "Je t'aime bien." S'il ne l'avait pas aimé, je ne sais pas quels mots se seraient échangé (2'46"-4'01").

Bon, assez de colère pour aujourd'hui. La musique adoucit les mœurs? Musique, donc, avec le deuxième album d'Emmanuelle Seigner, Dingue. Vous allez voir que ce n'est pas sans rapport avec ce qui précédait. Si vous écoutez bien (4'01"-5'43"), vous allez remarquer qu'une voix masculine intervient dans Qui êtes-vous? Je n'irai pas jusqu'à dire que Roman Polanski, puisque c'est lui, chante. Mais il est présent sur cette plage.
Ce n'est pas la meilleure chanson d'un disque par ailleurs tout à fait plaisant et pour la promotion duquel Emmanuelle Seigner se serait probablement bien passée du brouhaha où se trouve Roman Polanski. Je rappelle, à l'intention de ceux qui, comme moi, ne se plongent pas quotidiennement dans les infos people, que la chanteuse (par ailleurs actrice) et le cinéaste (primé à Berlin il y a quelques jours) forment, à la ville, un couple très officiel.

On enchaîne avec Dominique Rolland, reçue dans Tout un monde (France Culture) pour son livre Les petits Viêt-Nams (5'43"-6'14"). Voici la présentation du livre par l'éditeur.
"La France, on en avait rêvé. Qu'y avait-il de plus désirable que la France? Là-bas en Indochine, tout cc qui était beau, propre, enviable, riche, puissant s'appelait la France. La France, c'était tout ce blanc lumineux et immaculé des costumes, des uniformes, des robes de bal, des nappes, des draps, des mariages, des villas et des paquebots... Tout ce blanc repoussant le ciel gris sale des moussons, la ligne basse et boueuse de l'horizon dans les rizières, l'eau souillée des arroyos, la glaise lourde et gluante où piétinent les buffles, les tuniques noires des lettrés, les dents laquées des femmes... Oui, la France c'était tout ce blanc immaculé. Le blanc de la colonisation". En 1954, la défaite française à Dien Bien Phu contraint au départ toutes les familles françaises résidant au Tonkin. Parmi elles, un nombre important de familles franco-annamites: couples mixtes et leurs enfants eurasiens, femmes vietnamiennes dont le compagnon français avait disparu... Ils furent ensuite rapatriés en France, au titre de Français d'Indochine puis installés "provisoirement" dans des bâtiments collectifs désaffectés. Ainsi se constitua le Cafi, Centre d'Accueil des Français d'Indochine, à Sainte-Livrade dans le Lot-et-Garonne, lieu de mémoire de l'histoire coloniale, de ce qu'elle a produit, des identités composites qu'elle a générées. Aujourd'hui, la transformation du camp, qui existe toujours, préfigure la fin d'un monde.

Alain Chamfort, de son côté, a sorti un nouveau disque. Ou plutôt un livre-disque: Une vie Saint-Laurent est consacré, comme son titre l'indique, au célèbre couturier. Chamfort était invité dans Le rendez-vous (France Culture) pour en parler et... pour chanter, puisque les chansons de cet album constituent une sorte de biographie (6'14"-7'53").
En 16 titres, Alain Chamfort chante "une vie Saint- Laurent". De son enfance oranaise à ses derniers adieux, la trajectoire romanesque et lumineuse d’un avant-gardiste de génie, où se mêlent excès et fulgurances, reconnaissance et succès planétaires sur des notes de mélancolie.
Cette biographie sonore et visuelle unique, co-écrite et composée avec Pierre-Dominique Burgaud rassemble également portraits inédits ou rares, croquis, dessins, photos de défilés, accompagnés par les textes de Robert Murphy, qui dévoilent et témoignent de l’extraordinaire créativité d’un mythe du XXe siècle.

Et on termine avec le son d'une bande annonce. Un prophète, de Jacques Audiard, sera probablement le film de la semaine. Il vient de sortir en DVD et il est le grand favori des Césars, dont la cérémonie se déroule samedi.
C'est un film âpre, d'une justesse et d'une humanité rares, dont on sort complètement secoué après avoir passé plus de deux heures dans la peau d'un voyou magnifique.
Jacques Audiard ne porte pas de jugement: il montre. Et il montre si bien qu'il atteint une sorte de vérité - que nous ne vérifierons pas, ce n'est pas nécessaire tant la force de ce film l'impose comme une tranche de réel, fût-il passé au crible de la fiction (7'53"-9'44").

Indicatif, extinction du son pour aujourd'hui...

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