vendredi 29 octobre 2010

Eric Faye, Grand Prix du roman de l'Académie française

J'avais lu deux des trois romans qui restaient en lice, hier, pour le Grand Prix du roman de l'Académie française: Naissance d'un pont, de Maylis de Kerangal, et La montagne de minuit, de Jean-Marie Blas de Roblès.
Dans l'après-midi, celui-ci attendait, avec son éditeur, une nouvelle qu'il espérait bonne. Mais, vers trois heures et demie, un peu avant l'annonce officielle, Jean-Marie Blas de Roblès apprenait qu'il n'aurait pas le prix cette fois-ci.
Ni d'ailleurs Maylis de Kerangal, malgré les six voix encore obtenues au troisième tour de scrutin, malgré surtout les grandes qualités de son roman - je me console en me disant qu'on n'a pas fini d'en parler pour les autres prix littéraires qui vont se suivre en rafale, et sur les dernières sélections desquels cette page vous tient informés.
Le lauréat est donc, vous le savez probablement, avec neuf voix, Éric Faye pour Nagasaki. Un livre bref que j'ai lu hier soir. Sans la maîtrise de Naissance d'un pont, il s'en dégage malgré tout un charme certain.
Un météorologue d'une cinquantaine d'années, célibataire, constate que de la nourriture disparaît pendant qu'il est au travail. Après un instant de panique (le frigo se nourrirait-il de yaourts et de jus de fruits?), il envisage une solution plus rationnelle et installe chez lui une webcam qui lui permet d'exercer sa surveillance toute la journée, du bureau où son écran d'ordinateur montre ce qui se passe chez lui - s'il s'y passe quelque chose.
En effet, il ne tarde pas à surprendre la voleuse, puisqu'il s'agit d'une femme, et alerte la police qui vient la cueillir. Non sans mal, car elle se cachait dans une petite pièce inutilisée. Si l'on ajoute que le météorologue, saisi de compassion pour sa cohabitante secrète (il apprendra qu'elle vivait chez lui depuis un an sans qu'il s'en soit rendu compte), a essayé de la prévenir pour qu'elle s'enfuie avant l'arrivée des forces de l'ordre, on aura compris que sa dénonciation lui pèse dès lors qu'il l'a faite.
Dans la dernière partie du roman, la femme réfugiée chez lui devient la narratrice. Des échos renvoient d'une vie à une autre. Une part de mystère demeure, mais emplie d'une humanité ancrée dans des lieux où le passé a laissé des traces...

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