dimanche 25 décembre 2011

Littérature sur toile : 2 Les notules dominicales

Philippe Didion intrigue. Les notules dominicales de culture domestique (et de villégiature exotique) ne ressemblent à rien de connu - mais sont publiées depuis maintenant plus de dix ans. Cette accumulation faite elle-même d'accumulations méritait d'être éclaircie par son responsable...

- On ne parlait pas encore beaucoup de blog, quand vous avez commencé à publier vos "Notules" en 2001. Aviez-vous conscience d'en avoir ouvert un?

- Effectivement, en 2001, il n'était pas question de blog: on créait cependant des sites qui pouvaient être personnalisés mais la structure blog avec contenu essentiellement autobiographique et commentaires n'est devenue populaire qu'un peu plus tard. De toute façon, ma démarche était différente, il ne s'agissait pas de s'adresser à l'ensemble de la Toile mais à certains destinataires choisis qui se sont multipliés au cours des années qui ont suivi. La création du site des notules n'est intervenue qu'après mais le modus operandi est resté le même, la mise en ligne et l'administration du site se faisant par l'intermédiaire d'une personne extérieure.

- Maintenant que le blog est devenu populaire, voire envahissant, vous annoncez que vous cessez les mises à jour et que vous n'enverrez plus vos "Notules" que par email. Pourquoi?

- En fait, le site pourrait être repris début 2012 par un autre administrateur mais là n'est pas la question. Il est primordial pour moi de m'adresser à des personnes identifiées, même si elles me sont pour la plupart inconnues. La forme courriel est peut-être archaïque mais elle me convient dans la mesure où elle instaure un lien direct, personnel, avec chacun des abonnés qui constituent de fait une petite communauté, ce que j'appelle la "notulie". Qu'ensuite les notules soient reprises sur un site et deviennent lisibles pour tout un chacun m'apparaît comme secondaire. Dans le même ordre d'idée, le site permet de répondre directement au notulographe mais n'offre pas de rubrique "commentaires" ouverte à tous vents.

- Vous assemblez, chaque semaine, des fragments sans rapports apparents les uns avec les autres: lectures, salons de coiffure, monuments aux morts, curiosités... Quelle est la cohérence de tout cela?

- S'il fallait trouver une cohérence, elle se trouverait dans l'intérêt que j'ai pour ce que Georges Perec appelait l'infra-ordinaire : les petits faits insignifiants qui passent inaperçus et qui forment le tissu de l'existence. Les divers chantiers qui apparaissent de façon régulière dans les notules sont un reflet de l'infra-ordinaire, assorti d'une contrainte. Par exemple, je recopie les noms des victimes qui figurent sur les monuments aux morts des communes des Vosges mais je visite celles-ci selon la contrainte de l'ordre alphabétique, ce qui me conduit à suivre un itinéraire extravagant. Je fais la chasse aux salons de coiffure dont le nom comporte un jeu de mots banal, comme Créa'Tifs ou Atmosp'Hair, je recopie des fragments de romans qui présentent une scène se déroulant chez un coiffeur, etc. L'essentiel, c'est que ces chantiers soient démesurés, voire interminables, c'est ma façon à moi de lutter contre le temps.

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