jeudi 25 octobre 2012

Le Grand prix du roman de l'Académie française à Joël Dicker


Joël Dicker, avec son deuxième roman, La vérité sur l'affaire Harry Quebert, est le premier lauréat de la saison des grands prix littéraires d'automne, ouverte comme chaque année par le Grand Prix du roman de l'Académie française.

C’est la belle surprise de cette rentrée littéraire. La vérité sur l’affaire Harry Quebert, un deuxième roman épais publié quelques mois à peine après le premier (Les derniers jours de nos pères), ne suscite aucune fausse note dans un accueil enthousiaste. L’écrivain a 27 ans et ne nourrit aucun complexe même s’il n’appartient pas au microcosme parisien et si ses éditeurs ne sont pas souvent présents dans les sélections aux grands prix littéraires d’automne. Sauf cette fois, grâce à un livre qui a tout pour plaire. Bien au-delà du lectorat francophone, si l’on en croit les rumeurs de traductions qui circulaient à la Foire du livre de Francfort.
La vérité sur l’affaire Harry Quebert est une histoire d’écrivain. Et même d’écrivains, puisqu’ils sont deux. Marcus Goldman, le plus jeune, est entré dans le monde littéraire par la grande porte, avec un énorme succès dès son premier livre. Il doit maintenant répondre à l’attente de ses lecteurs. Davantage encore à la pression que lui mettent son agent et son éditeur, sans cesse à évoquer la nécessité (et l’obligation par contrat) d’un deuxième livre sans lequel la place de jeune prodige ne tardera pas à être occupée par un autre. Mais la panne est grave – « une terrible crise de page blanche » – et Marcus se tourne vers son mentor, Harry Quebert, auteur consacré qui distille, en prologue de chaque chapitre, des conseils avisés sur l’écriture.
La vérité sur l’affaire Harry Quebert est aussi un polar. En 1975, une adolescente de quinze ans, Nola Kellergan, a disparu dans la petite ville d’Aurora, New Hampshire, où Harry est installé. Pour écrire, disait-il. Mais, séduit par Nola, il ne faisait que copier et recopier son prénom à longueur de pages. Trente-trois ans plus tard, alors que les Etats-Unis se préparent à élire Obama comme président et que Marcus est toujours bloqué par sa page blanche, le corps de Nola est retrouvé sur le terrain de Harry. Qui ferait un coupable idéal.
En 31 chapitres (numérotés à l’envers), un prologue et un épilogue, Joël Dicker installe un monde, pose un gros paquet de questions auxquelles il ne fournit pas toutes les réponses et construit une intrigue à plusieurs niveaux dont la complexité ne ralentit jamais la lecture. La réussite est si complète qu’en arrivant à la fin on adhère à la dernière réflexion de Harry : « Un bon livre, Marcus, est un livre qu’on regrette d’avoir terminé. »

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