lundi 3 juin 2013

Cette semaine en librairie, des cadavres partout

Réjouissons-nous: ils bougent très bien, les cadavres que nous présentent trois éditeurs cette semaine. Celui de Jean-Marc Roberts, éditeur disparu il y a peu, reprend ses postures de vivant sous la plume de Philippe Claudel. Celui de John Fante, mort il y a 30 ans, nous donne encore de belles secousses littéraires. Et celui de Mats Sverin, dans le nouveau polar de Camilla Läckberg, fournit l'occasion d'une septième enquête à son héroïne préférée...

Philippe Claudel, Jean-Barck
«J’ai connu un Jean-Marc. Il y en avait au même moment des dizaines d’autres. J’en suis sûr. J’aimais ta géométrie variable, que je n’ai jamais constatée mais que je supposais. Tu avais l’art de l’adaptation. Ce qui t’importait, c’était moins toi-même que celui qui te faisait face. Tu ne te mettais jamais en avant. Tu faisais exister l’autre. Il devenait à ton contact l’être soudainement le plus important. Tu étais changeant, arc-en-ciel. Je te soupçonnais de pouvoir dire à l’un quelque chose et au suivant son contraire. Aucune hypocrisie dans cela. Tu n’étais pas là pour juger des opinions. Tu nous prenais comme nous étions. Tu nous donnais ce que nous espérions trouver. Tu savais, pour l’être toi-même, qu’un auteur est plus fragile qu’une libellule. Il te fallait tout simplement préserver les conditions dans lesquelles ses ailes pouvaient continuer à se déployer, fines et somptueuses.»

«Un jour j'ai sorti un livre, je l'ai ouvert et c'était ça. Je restai planté un moment, lisant et comme un homme qui a trouvé de l'or à la décharge publique. J'ai posé le livre sur la table, les phrases filaient facilement à travers les pages comme un courant. Chaque ligne avait sa propre énergie et était suivie d'une semblable et la vraie substance de chaque ligne donnait sa forme à la page, une sensation de quelque chose sculpté dans le texte. Voilà enfin un homme qui n'avait pas peur de l'émotion. L'humour et la douleur mélangés avec une superbe simplicité. Le début du livre était un gigantesque miracle pour moi. J'avais une carte de la bibliothèque. Je sortis le livre et l'emportai dans ma chambre. Je me couchai sur mon lit et le lus. Et je compris bien avant de le terminer qu'il y avait là un homme qui avait changé l'écriture. Le livre était Demande à la poussière et l'auteur, John Fante. Il allait toute ma vie m'influencer dans mon travail.» (Charles Bukowski, 1979)
«Une ligne, dix lignes, une page. On ouvre un livre de John Fante et l'on se dit que c'est ça. Que la vie est là, brute, brutale, brûlante. L'émotion à l'état pur. Des mots qui mordent dans le tendre. Et toute cette souffrance qui jaillit d'un volcan jamais éteint, jamais refroidi.» (André Clavel, L'Express)

Camilla Läckberg, Le gardien de phare
Par une nuit d’été, une femme se jette dans sa voiture. Les mains qu’elle pose sur le volant sont couvertes de sang. Avec son petit garçon sur le siège arrière, Annie s’enfuit vers le seul endroit où elle se sent en sécurité: la maison de vacances familiale, l’ancienne résidence du gardien de phare, sur l’île de Gråskär, dans l’archipel de Fjällbacka. Quelques jours plus tard, un homme est assassiné dans son appartement à Fjällbacka.
Mats Sverin venait de regagner sa ville natale, après avoir travaillé plusieurs années à Göteborg dans une association d’aide aux femmes maltraitées. Il était apprécié de tous, et pourtant, quand la police de Tanumshede commence à fouiller dans son passé, elle se heurte à un mur de secrets. Bientôt, il s’avère qu’avant de mourir Mats est allé rendre une visite nocturne à Annie, son amour de jeunesse, sur l’île de Gråskär – appelée par les gens du cru “l’île aux Esprits”, car les morts, dit-on, ne la quittent jamais et parlent aux vivants…
Erica, quant à elle, est plus que jamais sur tous les fronts. Tout en s’occupant de ses bébés jumeaux, elle enquête sur la mort de Mats, qu’elle connaissait depuis le lycée, comme Annie. Elle s’efforce aussi de soutenir sa sœur Anna, victime, à la fin de La Sirène, d’un terrible accident de voiture aux conséquences dramatiques… Avec Le Gardien de phare, Camilla Läckberg poursuit la série policière la plus attachante du moment.

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