dimanche 7 septembre 2014

Ma rencontre, ou presque, avec Valérie Trierweiler

Quand mon vieux pote C. m’a appelé de Marseille vendredi soir, j’ai d’abord réussi à être plus bougon qu’il ne l’est lui-même au naturel (un naturel souvent surjoué, ce que ma bougonnerie n’était pas). J’étais presque assoupi, son coup de téléphone allait à coup sûr pourrir ma nuit. Mais c’est un pote, n’est-ce pas, et il avait un service à me demander. Personne d’autre sous la main, explique-t-il, tout le monde est à Toliara, il faut que tu viennes me chercher à quatre heures demain matin à Ivato. J’aurai une surprise pour toi.
Je les connais, ses surprises. Mais le laisser tomber ? La conversation menaçait de prendre des détours sans fin, j’ai fini par dire que je trouverais une voiture, que je serais là et qu’il n’avait pas intérêt à oublier la surprise.
Je passe sur le nombre de chauffeurs de taxi qui n’étaient pas disponibles pour aller à Ivato à cette heure-là, un samedi matin, en fin de vendredi magnifique pour certains, accueillir un vol d’Air Madagascar aux horaires improbables.
Enfin, bon, j’étais à l’aéroport à l’heure dite, sous un crachin froid qui surprend souvent les touristes persuadés d’arriver sous un climat tropical et qui débarquent en bermuda et chemise à fleurs comme s’il faisait toujours chaud à Tana.
Et je vois débouler mon C., franchissant au pas de charge les différents guichets, avec au bras une dame dont la tête ne m’est pas totalement inconnue.
Je me suis fait une copine dans l’avion, annonce-t-il (je ne suis pas surpris), je te présente V.T. Je me demande pourquoi je n’ai pas compris tout de suite qui elle était – la surprise de la voir avec C., peut-être. On ne parle que d’elle et de son livre depuis quelques jours, livre auquel le président français a jugé nécessaire de répondre pendant une conférence de presse à un sommet de l’OTAN, mettant sur le même pied, pour qui absorbe les informations à la chaîne, l’Ukraine et les propos rapportés par V.T.
C. ne connaît pas d’autre journaliste que moi, je suis donc le meilleur au monde et, en baratinant sa compagne de voyage entre Marseille et Tana, il l’a convaincue qu’elle devait absolument me rencontrer en arrivant. La surprise est XXL, pour une fois…
J’ai lu la première page de Merci pour ce moment, pas plus. Je n’en sais que ce qu’on en a dit et, comme vous, j’ai l’impression d’en tout connaître. A portée de main, de voix, j’ai V.T. à qui je viens de serrer la pince en prenant l’air blasé, il suffit, pour obtenir le scoop du siècle, de lui arracher quelques mots de plus que le « Enchanté » qu’elle m’a servi. Enfin, le scoop de la semaine, ou du jour, ou de l’heure. Puisque les journalistes français qui rêveraient de la faire parler de son livre sont maintenant à près de 10 000 kilomètres d’elle – au contraire de moi, qui me vois déjà signer : « Propos recueillis par Pierre de Malgachie » un article retentissant.
Je me retrouve au temps où j’étais enrôlé de force dans une équipe de foot, sans envie, incapable de contrôler un ballon ou de faire une passe mais souvent, par distraction plus que par art du placement, au bon endroit pour dévier un tir en direction du but. On m’a souvent prêté des talents que je n’avais pas…
Cette fois encore, la chance est avec moi. J’engage la conversation avec V.T. à propos de Madagascar, ça ne mange pas de pain, elle redécolle dans deux heures vers le sud, on a le temps de boire un verre en toute simplicité, c’est moi qui régale – ce sera C., finalement. Et, de fil en aiguille, nous voilà à parler du succès de son livre, puis de son livre.

Bon, si les choses s’étaient passées ainsi, je ne vous aurais pas raconté ça dans mon blog, vous auriez dû acheter le journal auquel j’aurais vendu mon exclusivité au prix fort, après avoir fait monter les enchères.

D’ailleurs, C., quand je l’ai retrouvé hier en fin de matinée, les yeux las et le visage chiffonné après son vol de nuit, n’avait pas l’air de savoir que V.T. était dans le même avion que lui.

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