lundi 20 octobre 2014

Avant «Samba», le film, «Samba», le livre

La France, tu l’aimes ou tu la quittes. Mais quand tu l’aimes et qu’on t’oblige à la quitter ? Samba, venu du Mali, hébergé par son oncle qui vit à Paris depuis dix ans, est, comme d’autres, un émigré en situation irrégulière. Pas de papiers, donc pas de travail, sinon dans des conditions précaires, avec le risque d’un contrôle qui le renverra vers son pays par le premier avion. L’histoire est classique. Mais Delphine Coulin, qui fait corps avec son personnage, lui donne une réalité qui déborde des clichés.
Samba accomplira le parcours complet d’un homme décidé à rester dans le pays dont il parle la langue depuis l’enfance. Arrêté lors d’une visite à la préfecture où il est venu s’inquiéter de l’avancée de son dossier, conduit au centre de rétention de Vincennes où règne le désespoir, il est heureusement soutenu par deux jeunes femmes bénévoles qui tentent de faire annuler la décision d’expulsion. C’est la lutte, forcément inégale, entre l’administration et la bonne volonté.
« Quand on est traité comme un criminel, on finit par le devenir », lui a dit son oncle. Samba n’est pas de ceux-là. Sinon que, une chose en entraînant une autre, la logique s’appliquera aussi à sa propre existence.
Samba n’a pas choisi son camp dans la guerre qui oppose « la France pays des droits de l’homme et la France rassise, moisie. » Il est tout simplement tombé dans le mauvais camp et doit faire appel à toute son ingéniosité pour échapper au destin que des fonctionnaires ont écrit pour lui.
La force de Samba pour la France réside dans la manière dont Delphine Coulin évite le manichéisme. Son héros malheureux n’est pas un homme parfait. Il n’empêche : entre le faible et le fort, le choix semble évident. Les jurés du prix Landerneau, qui ont couronné ce roman, ont dû le penser aussi.
Quant au film, je ne l'ai pas vu et ne vous en dirai donc rien...

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