lundi 16 novembre 2015

Sur la piste d’un mythe littéraire

Mykonos, Palerme et Formentera. D’Est en Ouest, presque une ligne droite – avec le soleil pour témoin. Mais le roman de Jean-Hubert Gailliot couronné par le Prix Wepler-Fondation La Poste, s’il s’intitule Le Soleil, fait moins référence à l’astre, présent malgré tout, qu’à un étrange manuscrit sur la piste duquel Alexandre Varlop, un narrateur grassement payé, a été lancé. La piste passe par les lieux que nous énumérions. Elle passe surtout par les noms de trois créateurs majeurs du siècle dernier, qui auraient été influencés par sa lecture : Man Ray, Ezra Pound et Cy Twombly. L’auteur du texte est inconnu. Mais il s’agirait, si ce manuscrit existe, d’une sorte d’absolu littéraire. De quoi mettre en appétit, en effet, les amateurs d’œuvres d’art sortant de l’ordinaire.
La quête est conduite paresseusement. Alexandre suit néanmoins le fil de ses découvertes, en passant par quelques moments intenses. Le sommet est atteint au De Filippis Non Stop Surrealistic Cabaret de Palerme, où un spectacle hors du commun met en scène une énorme masse de chair informe qui se divise et se reconstitue en de monstrueux accouplements. L’hystérie sexuelle gagne la salle. Un peu moins le lecteur, en raison de la longueur de l’épisode dont l’intérêt finit par diminuer.
Le reproche peut être fait à l’ensemble du livre. Trop souvent, l’écrivain se sent si bien qu’il fait durer les choses, bascule de la narration à la contemplation et son bonheur n’est pas complètement partagé.
Pourtant, quel sujet ! Et que de découvertes à faire avant de lever tous les mystères du manuscrit ! On a beau être freiné par certaines pages, on va jusqu’au bout. Et on ne le regrette pas.

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