mercredi 13 avril 2016

Bernard Wallet, le silence de la guerre

Quoi de plus serein, de plus reposant qu’un paysage avec palmiers ? Mais celui que Bernard Wallet a connu à Beyrouth était agité de soubresauts fort peu pacifiques et portait, chaque jour, son lot d’images fortes, insoutenables pour certaines.
Tout est terrible et vrai. Terrible parce que vrai. Dans son premier récit, Bernard Wallet n’a pas eu besoin de forcer les effets. Au contraire : il met la réalité à plat, simplement, en disant cette présence obsédante de la mort toujours possible, à chaque instant, avec la peur qui lui est liée mais qui n’empêche pas de marcher dignement, « d’un pas égal ».
Sans que cela soit exprimé ainsi, ce livre est un « Je me souviens » très particulier, le regard fixé sur ces instantanés qui datent d’il y a quelques années et qui semblent d’aujourd’hui, peut-être parce que Bernard Wallet arrive à écrire, malgré tout : Beyrouth me manque, avec un naturel saisissant.
Le texte est constitué d’éclats, comme si c’était des éclats d’obus qui traversent rapidement le champ de vision, frappant au hasard mais toujours avec une dureté exemplaire, parce que le mal est partout et que la douleur est silencieuse.
Paysage avec palmiers blesse souvent. Ce sont des blessures salutaires qui nous empêchent de rester étrangers à l’horreur, trop souvent aseptisée à force d’être placée sur le même pied que des émissions de divertissement. Vous avez dit guerre propre ? Ici, même les palmiers finissent par être décapités…

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