dimanche 12 juin 2016

Tout foot, tout livres (2) Pierre-Louis Basse

Ce match à Geoffroy-Guichard (voir hier) a décidément marqué les esprits. Dans Gagner à en mourir, Pierre-Louis Basse l’évoque aussi. Il s’agit d’un roman, dont on peut supposer que le narrateur est proche de l’auteur. Et ce narrateur-là, fidèle d’un parti communiste qui comptait encore pour plus de 20 % dans l’électorat français, était de tout cœur avec les Soviétiques du Dynamo Kiev plutôt qu’avec les Verts de Saint-Etienne. Il revoit un enregistrement de ces 90 minutes, on imagine le jeune Vincent Duluc noyé parmi d’autres silhouettes dans sa description :

« Sur le terrain, les photographes sont admis au plus près des joueurs. Après chaque but, on dirait qu’ils gambadent sur le pré. Y compris dans l’action. Il y a dans les tribunes de Geoffroy-Guichard des types dont l’allure, assez naturelle, n’est pas sans rappeler le physique de Gérard Depardieu dans Le Choix des armes. Cheveux longs et pantalons en tergal avec pattes d’éléphant. L’impression que les ouvriers – au stade, comme en ville – n’avaient pas encore été placés hors champ de la réalité des choses. Illusion d’optique. Parfois, lorsqu’il était d’humeur badine, Giscard leur rendait visite à l’heure du souper. Le monde ouvrier français, en ces étranges années vertes, découvrait à domicile le tweed et les cravates du président. Ils ont bien fait d’en profiter. Bientôt, mon pays les abandonnerait. L’été promettait d’être chaud. Après chaque match de Saint-Etienne, cette année-là, on aurait dit que la télévision française découvrait l’enthousiasme des foules pour le ballon. »

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