mercredi 13 septembre 2017

« Millénium », un coup de mou

J’avais zappé le quatrième volume de Millénium, vous savez, ce moment si décrié par beaucoup de fidèles à Stieg Larsson où David Lagercrantz avait repris la main et les personnages originaux, le journaliste obstiné Mikael Blomkvist et l’intrigante hackeuse Lisbeth Salander. Mon intérêt pour le foot étant moyen-moyen, pour le dire sans offusquer les supporteurs du PSG, son livre écrit avec Zlatan Ibrahimovic n’avait pas détourné un seul instant mon regard de textes qui m’attiraient bien davantage, et je n’avais donc aucun avis sur les moyens littéraires du successeur.
(Je note, au passage, que les éditeurs de La fille qui rendait coup pour coup, cinquième volume de Millénium paru à grand bruit la semaine dernière, n’ont pas cru nécessaire, dans la courte notice biographique consacrée à David Lagercrantz, de rappeler l’existence de son passage sur les terrains ronds de ballons gonflés comme les montants des transferts de joueurs.)
Bref, cette fois, je me suis laissé conduire par le tintamarre et, si je ne sais plus pourquoi je n’avais pas lu le quatrième Millénium (d’autres urgences, probablement), je sais pourquoi il est peu probable que je lise le sixième quand il sortira.
Entendons-nous bien : La fille qui rendait coup pour coup n’est pas un thriller indigne, cela se traverse sans déplaisir aucun, malgré quelques lourdeurs dans les démonstrations annexes aux enquêtes en cours. Il faut bien expliquer, certes, ce que sont les thèmes creusés ici, en particulier la gémellité et les expériences menées, à une certaine époque, en Suède, selon des méthodes descendant en ligne oblique de celles de Josef Mengele (je dis ça, je ne dis rien, mais je viens aussi de lire La disparition de Josef Mengele, d’Olivier Guez, c’est un autre genre, bien sûr, mais c’est aussi plus passionnant). Quelques raccourcis auraient malgré tout été bienvenus.
La fille qui rendait coup pour coup est même, je le reconnais volontiers, un montage assez réussi entre un sujet fort, un récit construit impeccablement et des personnages connus qui ne laissent pas indifférent le lecteur que je suis. Mais enfin, cela sent la fabrication et la sueur qui a accompagné celle-ci. Là où Stieg Larsson avait largué, comme on se débarrasse d’un colis encombrant dont on a nourri longtemps le contenu, trois bombes qu’il lui était aussi impossible de ne pas concevoir que de ne pas lâcher, David Lagercrantz usine à petits gestes précis une œuvre à la moindre puissance explosive. Dans la catégorie des romans interchangeables, il tient sa place honnêtement. Je ne dirai pas qu’il s’impose comme un écrivain indispensable. Beaucoup moins, en tout cas, que Stieg Larsson chez qui la nécessité et l’urgence donnaient le sentiment qu’il était nécessaire de l’accompagner.
Je vais donc laisser David Lagercrantz poursuivre sa route en compagnie, je l’imagine aisément, de nombreux lecteurs. Mais sans moi.

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